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LES DIFFÉRENTS ÉTATS D'UNE CRÉOLISATION EN ART  

 

 

 

 

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Samuel Fosso excelle dans la maîtrise de la métamorphose de manière décalée avec une esthétique très étudiée. Il se met en scène en dévoilant les codes du théâtre pour donner à voir des créations très investies qui font de lui un artiste à part dans la production africaine contemporaine.

 

 

Le travail photographique de Samuel Fosso me paraît plus profond et plus convaincant que celui de Kimiko Yoshida car, à travers ses photographies, il laisse entrevoir un autre personnage qui n’est pas lui, qui s’ajoute à lui. 

 

Son jeu théâtral et le recours à la mise en scène nous permettent de nous prêter aux jeux de rôles qu’il scénarise et d’y croire. Il se prend vraiment au jeu physiquement et mentalement. Il intègre la personnalité des personnages qu’il incarne. Ceux-ci le transforment réellement même si les traits du visage du photographe restent identiques. On est mis en présence d’un nouveau personnage incarné par Samuel Fosso qui est et qui n’est pas Samuel Fosso.

Nous voyons « Angela Davis ».

La transformation est si puissante que Samuel Fosso arrive à nous convaincre. 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Il a choisi d’incarner des personnalités importantes, des icônes qui ont joué un grand rôle dans l’histoire des Indépendances africaines et du Mouvement des Droits Civiques américains comme Léopold Sédar Senghor, Aimé Césaire, Muhamad Ali, Miles Davis, N’Krumah, 

 

Seydou Keita, Patrice Lumumba, Angela Davis, M.L. King, Hailé Sélassié, Malcolm X, Nelson Mandela, et Tommie Smith. Il se modèle sur eux en empruntant leurs caractères, il les imite, s’appuie sur ces références et opère une réelle transformation dans la représentation. Il utilise son corps et son visage pour raconter leur histoire. Il disparaît, mais pas tout à fait, pour actualiser ces icônes. 

 

Il se travestit littéralement en Angela Davis, la militante du Mouvement des droits civiques aux États-Unis, membre des Black Panthers, celle qui a lutté pour les droits des Afros-Américains. Il devient Patrice Lumumba, qui a oeuvré pour l’indépendance du Congo belge, Aimé Césaire intellectuel et poète martiniquais, créateur du mouvement de la négritude, Léopold Sédar Senghor président du Sénégal. 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Par le mimétisme et la qualité de la représentation physique qu’il met en oeuvre, il révèle la personnalité et l’aura des personnes qu’il choisit de figurer et questionne l’identité noire, féminine ou masculine. Samuel Fosso traite ainsi de l’héritage iconographique, de l’identité collective et du statut des Noirs. 

 

Par son travail photographique, il les fait entrer dans les musées et dans l’histoire de l’Art pour que leur mémoire soit conservée et partagée et qu’elle soit perpétuée par les générations futures. 

 

Pour moi Samuel Fosso est exemplaire, il fait un travail qui me guide, car ses icônes noires méritent vraiment d’être immortalisées, elles méritent qu’on les fête, qu’on célèbre leur esprit, leur génie, leurs initiatives, leurs réussites. 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

« J’emprunte une identité. Pour y réussir, je me plonge dans l’état physique et mental nécessaire.

C’est une façon d ‘échapper à moi même. Un passage solitaire. Je suis un homme solitaire.» selon Samuel Fosso

Source : http://www.afriqueinvisu.org/samuel-fosso,454.html

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

«Grâce à eux, je ne suis plus un sous-homme. Je suis libre ! Même si mes droits ne sont pas aussi bien respectés que ceux des Blancs, je me sens libéré de mes chaînes»

 

Hôlzl Ingrid, « Self-portrait/Self-Vision : The Work of Samuel Fosso», Nka / Journal of Contemporary Africa Art n° 24, 2009, pp.40-47 . 

 

 

 

«Depuis mon enfance, je tenais à raconter l’histoire noire. Avec cette série, je laisse dans l’histoire une image éternelle de ce qu’a toujours été mon combat. Ces hommes et ces femmes resteront immortels en entrant au musée. Ils méritent d’être sacralisés.»

 

Selon Samuel Fosso ( source : http://www.afriscope.fr/African-Spirits-Fosso-rend-hommage )

 

 

 

 

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