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EL ANATSUI

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Sasa

 

 

 

 

Sasa

(Manteau)

2004

Aluminium, cuivre

640 x 840 cm

Installation murale

 

 

 

 

Extrait du catalogue Collection art contemporain - La collection du Centre Pompidou, Musée national d'art moderne, sous la direction de Sophie Duplaix, Paris, Centre Pompidou, 2007

 

 

El Anatsui a représenté le Nigeria à la Biennale de Venise en 1990, révélant ainsi un art contemporain africain fait de modernité et de tradition. En effet, El Anatsui a suivi les cours du Collège d’art de l’université des Sciences et des Technologies de Kumasi au Ghana et obtenu un diplôme de sculpture en 1968. Puis, il a complété cette formation classique par l’apprentissage des techniques anciennes de la culture ashanti : céramique, poterie, gravure… Ses premiers travaux sont des signes tracés en creux sur des plateaux en bois utilisés par les femmes au marché. Après un séjour en Cornouailles, en 1985, il découvre des outils performants comme la tronçonneuse. El Anatsui développe alors une série de très grandes sculptures en bois, faites de planches gravées, à demi peintes à la tempera et à demi-brûlées, qui révèlent son goût pour la peinture et la couleur. Il utilise également la poterie avec la série « Pots cassés » (1976-1982), dans laquelle il intègre tessons de verre et autres débris. Cet intérêt pour le recyclage se développe dans les grands tissus faits de capsules de bouteilles aplaties, dont fait partie Sasa. Entièrement réalisée avec des matériaux de rebut soigneusement assemblés avec des fils de cuivre, cette œuvre monumentale tient à la fois du tissage, du vêtement, de la peinture et de la sculpture. L’emploi de capsules de bouteilles d’alcool importées par les Européens est une façon de parler des relations complexes entre l’Afrique et les pays colonisateurs. Mais l’artiste a su tirer parti de ces matériaux pauvres pour rendre ce tissu, avec ses chatoiements, ses brillances et sa composition picturale, semblable à une tapisserie ou à un manteau de roi. 

Selon Marie-Laure Bernadac

 

 

 

Culture locale et relations internationales

Les grandes étoffes kente, dont les oeuvres d’Anatsui s’inspirent, sont effectivement l’apanage des puissants dans la tradition culturelle des tisserands ghanéens. L’artiste, originaire du Ghana a hérité de la connaissance de cette tradition de son frère et de son père qui la pratiquaient en amateurs. Les longues bandes de kente cousues entre elles constituent de grandes pièces aux motifs symboliques, portées par les chefs ou acquises par les touristes dans les centres d’Accra et de Kumasi.

Ce faisant, parce qu’il confère au métal dur et aride la souplesse du tissu, Anatsui partage les pouvoirs occultes qui sont reconnus aux forgerons pour leur maîtrise du feu et leur capacité à métamorphoser les éléments.

Éboueur alchimiste, il sait transformer le fer des décharges de Nsukka en or. Mais, le pouvoir de ce «magicien (10)» s’exercerait-il sur un public étranger à l’affût d’une tradition largement reconstruite à son intention ?

 

En véritable tisserand, Anatsui exhume les déchets pour assembler dans une tapisserie la mémoire du quotidien et celle de la culture avec l’histoire contemporaine de l’Afrique et son passé colonial. Les bouchons de liqueurs par exemple évoquent à la fois les moeurs (la consommation des liqueurs elles-mêmes), l’histoire (certaines marques de liqueurs produites

dans des distilleries locales telles que «Ecomog», empruntent leur nom à des événements politiques) (11), et l’histoire des relations internationales. En effet, les boissons alcoolisées ont été introduites en Afrique par des Européens au moment des premiers échanges commerciaux. Suivant une logique similaire de causalité, les produits importés, comme les conserves

de lait venues massivement d’Europe et des États-Unis, ont pu participer à la prolifération des décharges en fournissant des emballages que le pays n’avait pas les capacités technologiques de traiter et de recycler (Peak Project, 1999).

( Source : Dossier | El Anatsui / des poubelles de Nsukka aux musées internationaux | esse arts + opinions )

 

 

 

 

Ce qui fait la créolisation : 

 

 

J’ai observé le travail du plasticien El anastui, qui m’a intéressé par les matériaux qu’il utilise pour créer ces volumes , sculptures ( Sasa,2004 ) .

En effet El anastui parvient à sublimer par son travail artistique l’objet prosaïque et pauvre.

Il transforme un matériau solide et rigide en un drapé d’apparence légère et voluptueuse. Les capsules d’aluminium façonnées reliées par un fils de cuivre vont figurer des motifs ressemblants aux riches pagnes traditionnels Akan (Kita ou Kente)

 

C'est aussi une manière pour El Anatsui de parler des relations complexes entre l'Afrique et les anciens pays colonisateurs et le fais qu'ils importent leurs produits en Afrique en terrain conquit et du fait qu'ils contrôlent et dominent le marché économique.

Alors que El anastui représente par ses productions artistiques ça vision des rapports déséquilibrés entre l’Afrique et ces anciens pays colonisateurs, El anatsui recueille les déchets que l’industrie européenne déverse en Afrique et les recycles en les intégrant à la culture africaine Ashanti ( Akan) puis qu’il en fait des objets modernes directement inspiré d’objets traditionnelles Akan. L’objet créé devient alors un témoin de l’Afrique qui réfléchit à sa modernité et qui est tournée vers l’avenir puisqu' elle crée un Art traditionnelle qui tend vers la modernité.

À ce niveau là, l’Afrique semble être le tremplin de la modernité, par ce qu'elle schématise les hommes, les choses et les objets de manière à conserver l’essence des choses. ( voir les masques de Man ray ,photographe surréaliste, tableau picasso s’inspirant de l’art négre et des masques )

 

Dans la lignée d' El Anatsui mes sculptures Ofi titi - NTA poisson-scie, 2015 consistent à prendre des éléments de ma culture ( poids Akan, Agnie traditionnel "NTA" représentant un poisson-scie stylisé par les ancêtres Akan), que j’assemble avec des produits européens (capsules Suisse Nespresso, files de plastique scoubidou) pour en faire un volume moderne. 

De plus,  j’essaie de réactiver les symboles de ces anciens poids traditionnels Akan dans un contexte contemporain actuel.

Je m'inspire et je réutilise des  "Yobwé" appellés en français Poids akan. Ils mesurent la valeur des choses. Ces objets faisant partie d'une institution très ancienne traditionnelle Akan." Ofititi "  " au commencement de tout " est un terme Akan employé pour souligner la nature primordiale d'une institution très ancienne.

 

" Les figurines évoquent des proverbes, des dictons, des devinettes, des allusions à des événements historiques, ect.. " p24

"éléments d'éthique, de métaphysique et dialectique" p 28

ils sont des " Éléments de mesure, de transactions et de spéculations commerciales, des poids, éléments de système pondéral qui relèvent des sciences exactes (physique et mathématiques) (...) p 27 à 28 

 

" Ces objets que vous voyez sont faits par nos ancêtres akan : ils se nomment " djayôbwê ". Ils servaient à peser l'or qu'on donne, qu'on achète ou qu'on reçoit (...) Ils datent du commencement des temps." p 28

 

" Le "dja" et les "poids" sont une institution d'origine, une institution conçue, exécutée et vécue par leurs Ancêtres fondateurs."

p 30

 

" Chaque nom de poids raconte son histoire " p 31

 

" Pour imposer un décret, le roi faisait fondre des poids à signification symbolique." Ce qui signifie que certains éléments figuratifs matérialisent des textes de loi. (...) Les amendes à payer à cette occasion sont acquittées en or pesé avec la figurine fondue au moment de l'institution du décret-loi. Ce sont ces poids qu'on nomme poids-de-chef." p 32

 

" Les signes figurant sur certaines pièces ne sont pas des fantaisies d'artistes ils ont un sens. En fabriquant les poids (...) Les figurines datent du commencement de la création affirment certains informateurs. Ofri titi (vient du commencement ) est un terme que les Akan emploient pour souligner la nature primordiale d'une institution particulièrement ancienne. "L'ensemble de ces éléments se conserve dans un dja" Dans un paquet sacré..." p33

 

"Il y a quelques personnes qui ont cru que les Nègres n'ont que des poids fait de bois, mais c'est une erreur ; ils ont tous des poids de cuivre ou d'étant, qu'ils ont fondu eux-même, et, quoiqu'ils ne les divisent pas comme nous, cela revient pourtant à la même chose et les comptes se trouvent toujours justes."

 

Des textes de ce genre abondent dans la bibliographie du XVe au XIXe siècle. Sur ce point, les Akan sont formels : le dja et les "poids" sont une institution d'origine, une institution conçue, exécutée et vécue par leurs Ancêtres fondateurs. En effet, ils forment le seul peuple en Afrique qui possède une pareille institution." p 30

 

Source : L'Univers Akan des poids à peser l'or - Les poids non figuratifs l  

 

 

Il y a aussi une part d’exotisme pour tout ceux qui ne sont pas familiers à ces objets d’utilisation traditionnelle d’une autre époque.

 

L’utilisation de fil en plastique scoubidou : 

Celon que le poid représente le «jeux»  certaines pièces seront faites de fils de plastique souvent utilisé pour la fabrication de scoubidous. Le tressage d’un scoubidou tout comme la fabrication de ces poids demande une certaine concentration et de la patience. De cette manière, je voulais retranscrire le temps de création, le jeux et le plaisir que l’on a lors d’une découverte d’éléments énygmatiques, tout en me permettant d’en apprendre davantage sur ces sociétés et institutions traditionnels qui constitue mon héritage culturel Akan.  

 

L'utilisation des capsules : 

Dans ce travail j'utilise des capsules, car il sagit d'un objet récent, et utile dans la vie quotidienne pour moderniser  un objet traditionnel et ancien pour qu’il puisse perdurer et qu’il reprenne ça place centrale dans un monde moderne et contemporain . Je les intègre dans un contexte dit d’art contemporain, pour les immortaliser dans une situation d'exposition pour les péréniser afin qu’ils puissent devenir importants aux yeux de tous. 

 

 

Les "poids" objets traditionnels Akan sont des objets importants pour moi. Ce sont des objets qui étaient essentiels et fabriqué et conçu par les Ancêtres fondateurs Akan, ils constituent une institution ancienne traditionnelle structurée et hiérarchisée, qui ne participe plus au fonctionnement de la société contemporaine Africaine, mais qui étaient importants il fut un temps. Ces éléments jouaient un rôle particulier et primordial. 

 

De plus en plus, les sociétés et modes de vie africaine et bien d'autres tendent à s'occidentalisé et s'européeaniser

Dans l'histoire africaine traditionnelle il y eut des institutions. D'après certaines personnes l'Homme africain d'avant l'histoire coloniale n’avait pas d’institution ni d’histoire. Discours que je ne tolère pas et qui à de plus été démentie par de nombreuses personnalités et Esprits dont : Franz Fanon ( écrivain, psychiatre, psychologue, essayiste ), Niangoran Boa ( professeur, écrivain, chercheur ) , Henriette Diabaté (écrivain, chercheuse ), Aimé Césaire (écrivain, poéte ) , Léopold Sédar Senghor ( poéte) et bien d'autres. Ils ont démontré la richesse et la complexité institutionnels des sociétés Africaines. 

Par mon travail de sculpture mon intension est de rendre compte des éléments "ofititi" ( qui signifie au commencement de tout) des objets de l’institution africaine Akan, avant la colonisation. Je veux qu'ils deviennent des objets énigmatiques aux yeux de tous. Il y a dans ma démarche une intention de revendiquer l'histoire des monuments et des éléments importants de l'institution Akan.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

                                                  Manlanbien Marie-claire Messouma, " Ofi titi - NTA poisson scie " , Sculpture en plastique acrylique et plâtre.

© 2015 by MESSOUMA MARIE-CLAIRE MANLANBIEN

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